Relation soignant/soigné : ce qu'il faut savoir
La relation soignant/soigné est au cœur des soins infirmiers, influençant directement la qualité des soins et la satisfaction des patients. Elle dépasse le simple acte médical pour instaurer un environnement de confiance, basé sur la communication, l'empathie et le respect.
Selon Christine Paillard dans son dictionnaire des concepts en sciences infirmières, cette relation est essentielle. Elle souligne l'importance d’intégrer des concepts interprofessionnels et des principes de psychologie humaniste dans la formation des soignants. Cela garantit une prise en charge globale et humaine, tout en renforçant la qualité des soins.
Dans cet article, nous examinerons les composants clés de cette relation, tels que la communication, l'empathie, les enjeux éthiques et les défis contemporains, pour mieux comprendre son rôle dans les soins modernes.
Définitions et composants clés
Qui sont les soignants ?
Les soignants sont des professionnels de la santé dont la mission essentielle est de prendre soin des personnes. Selon la définition de Walter Hesbeen, le terme "soignant" regroupe l’ensemble des intervenants de l’équipe pluridisciplinaire, incluant les médecins, les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes, les pharmaciens, les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes, et autres auxiliaires médicaux.
Ces professionnels jouent un rôle clé dans la délivrance de soins préventifs, curatifs ou palliatifs. Leur action va au-delà de la simple exécution de tâches médicales, car elle est marquée par l’intention de prendre soin des personnes. Ils se répartissent en plusieurs catégories professionnelles, chacune ayant des spécificités et des rôles bien définis dans le processus de soin.
Qui sont les soignés ?
Les soignés sont les personnes qui bénéficient de soins préventifs, curatifs ou palliatifs. Selon le Dictionnaire Humaniste, une personne soignée est « une personne en situation de besoin d’aide pour une durée plus ou moins déterminée », qui ne parvient plus à exercer son autonomie, qu’elle soit mentale ou physique, et peut parfois ne plus être en mesure de décider pour elle-même.
Ce terme englobe différentes désignations comme le malade, l’usager ou le résident, mettant en lumière la diversité des situations où les individus ont besoin de soins et de soutien.
Qu'entend-on par relation soignant/soigné ?
La relation soignant/soigné désigne le lien établi entre le professionnel de santé (le soignant) et la personne bénéficiant des soins (le soigné). Cette relation est caractérisée par son aspect bilatéral et asymétrique, impliquant une interaction entre deux individus ayant des statuts différents.
Selon le Dictionnaire encyclopédique des soins infirmiers, cette relation repose sur trois attitudes essentielles de la part du soignant : un engagement personnel, une objectivité, et un minimum de disponibilité. L’objectif principal est d’aider et de soutenir la personne soignée jusqu’à ce qu’elle retrouve son autonomie, en adoptant une approche holistique et personnalisée des soins.
Les niveaux de la relation soignant/soigné

Relation de civilité
La relation de civilité est le premier niveau de la relation entre le soignant et le soigné. Elle se manifeste à travers des rituels sociaux et des codes culturels. Cette interaction se déroule en dehors du contexte strict du soin et repose sur la reconnaissance de l’autre par des gestes et des paroles courtois, tels que saluer, se présenter, ou faire preuve de politesse.
Ce niveau est essentiel car il instaure un climat de confiance et de respect dès l’accueil du patient. Cela facilite la création d’une relation positive. Bien que souvent perçue comme anodine, cette relation joue un rôle important en établissant un environnement convivial et respectueux, tout en évitant les malentendus ou les impressions de mépris.
Relation fonctionnelle
La relation fonctionnelle constitue une étape plus avancée dans la dynamique soignant/soigné. Elle est caractérisée par une recherche de connaissances et une fonction précise. Dans ce cadre, le soignant collecte des informations sur le patient afin d’orienter les soins et de les adapter à ses besoins spécifiques.
Ce niveau de relation est centré sur l’objectif de fournir des soins personnalisés et efficaces. En intégrant les données recueillies, le soignant peut prendre des décisions thérapeutiques appropriées. Cette interaction permet de mieux comprendre les nécessités médicales et psychologiques du patient, ce qui est essentiel pour une prise en charge globale et efficiente.
Relation de compréhension
La relation de compréhension représente un niveau plus profond de la relation soignant/soigné. Elle repose sur l’empathie et la proximité émotionnelle. Le soignant s’efforce de comprendre les émotions, les pensées et les expériences du patient, créant ainsi un lien de confiance et de soutien mutuel.
Cette relation améliore la communication et la compréhension réciproque, ce qui est essentiel pour une prise en charge thérapeutique efficace. Elle permet au patient de se sentir entendu et compris, ce qui peut considérablement améliorer son état émotionnel et son adhésion au traitement.
Relation d'aide thérapeutique
La relation d’aide thérapeutique est le niveau le plus avancé et engageant de la relation soignant/soigné. Elle s’appuie sur l’empathie, la confiance et la proximité pour aider le patient à surmonter ses difficultés, qu’elles soient physiques, émotionnelles ou psychologiques.
Inspirée des principes de Carl Rogers, cette relation vise à soutenir le patient dans son processus de guérison et de réadaptation. Le soignant établit un lien de confiance personnalisé et continu, essentiel pour une prise en charge holistique et efficace des besoins du patient.
L'importance de la communication
Établir un dialogue efficace
La communication est le fondement de la relation soignant/soigné, et son importance ne peut être sous-estimée. Un dialogue efficace entre le soignant et le soigné est essentiel pour garantir la qualité des soins, la sécurité des patients et une relation thérapeutique harmonieuse. Cette communication à double sens, intégrant des messages verbaux, écrits ou comportementaux, contribue à renforcer la confiance et le respect mutuel entre les parties impliquées.
Une communication ouverte et empathique encourage les patients à se sentir écoutés et compris, les rendant plus enclins à suivre les recommandations médicales et à participer activement à leur propre traitement. Cela améliore également leur moral, ce qui peut avoir un impact direct sur leur rétablissement.
La coordination des soins est un autre domaine où la communication joue un rôle important. Dans un environnement où plusieurs professionnels de santé interviennent, une communication efficace entre les médecins, les infirmières et les autres soignants permet de créer un plan de soins cohérent et intégré, adapté aux besoins spécifiques de chaque patient.
Les obstacles à une communication saine
Malgré son importance, la communication dans la relation soignant/soigné peut être entravée par divers obstacles. L’un des principaux problèmes est la carence de communication, souvent due à une prise de conscience insuffisante de l’importance d’informer le patient, à un manque de temps et à une formation quasi inexistante du personnel soignant en matière de communication.
Les litiges et conflits entre soignants et soignés découlent souvent de cette insuffisance. La qualité des premiers contacts et les informations attendues par le patient sur sa maladie, son traitement et son avenir peuvent être compromises, affectant ainsi la relation médecin-malade.
En outre, les contraintes de temps et les charges de travail élevées des soignants peuvent limiter la qualité et la quantité de la communication, ce qui entraîne fréquemment des malentendus et des omissions importantes.
Stratégies pour améliorer la communication
Pour améliorer la communication dans la relation soignant/soigné, plusieurs stratégies peuvent être mises en place. La première consiste à sensibiliser les soignants à l’importance de la communication et à leur offrir une formation adaptée dans ce domaine. Cela inclut des ateliers sur les compétences en communication, l’empathie et la gestion du temps.
L’utilisation d’outils et de ressources tels que les dossiers médicaux partagés et les directives anticipées peut également faciliter la communication et garantir que toutes les parties prenantes sont informées des besoins et des plans de soins du patient. Enfin, adopter une attitude empathique, marquée par l’attention à l’autre, l’écoute, la parole et un esprit de solidarité, est essentiel pour établir une relation de confiance et de respect mutuel dès les premiers contacts entre le patient et le soignant.
Ces stratégies permettent de créer une véritable culture de communication, renforçant la confiance réciproque et améliorant significativement la qualité de la relation soignant/soigné.
Les enjeux éthiques et déontologiques

Le respect de la confidentialité
Le respect de la confidentialité est un principe éthique et déontologique fondamental dans la relation soignant/soigné. Les professionnels de la santé ont l'obligation de préserver la confidentialité des informations liées à la santé de leurs patients. Ce principe est clairement établi dans les codes de déontologie médicale et infirmière, notamment dans le Code International d'Éthique Médicale de l'Association Médicale Mondiale (AMM), qui stipule que le médecin doit protéger la confidentialité des informations concernant ses patients.
Une violation de la confidentialité peut entraîner des conséquences graves, tant pour le patient que pour le soignant. Cela peut également nuire à la confiance essentielle dans la relation thérapeutique. Il est donc important que les soignants mettent en place toutes les mesures nécessaires pour protéger les données sensibles des patients et veillent à ce que seules les personnes autorisées puissent y accéder.
Consentement éclairé et autonomie du patient
Le consentement éclairé et le respect de l’autonomie du patient sont des principes éthiques majeurs en santé. Chaque patient a le droit de prendre des décisions informées concernant sa propre santé et son traitement.
Pour cela, les soignants doivent fournir des informations claires, précises et compréhensibles sur les options de traitement, les risques et les bénéfices potentiels, ainsi que sur les alternatives existantes. Respecter l’autonomie du patient implique de reconnaître et de valoriser sa capacité à faire des choix concernant sa santé, sans aucune forme de coercition ou de manipulation.
Ce principe est essentiel pour préserver la dignité et les droits du patient, tout en veillant à ce que les soins prodigués soient en adéquation avec ses valeurs et préférences personnelles.
La bienveillance comme principe fondamental
La bienveillance, également appelée bienfaisance, est un pilier fondamental de l’éthique médicale et infirmière. Ce principe impose aux soignants d’agir dans le meilleur intérêt de leurs patients, en cherchant à promouvoir leur bien-être et à prévenir tout préjudice.
La bienfaisance se traduit par la fourniture de soins de haute qualité, la minimisation des risques et des effets secondaires, et la maximisation des bénéfices pour le patient. Dans la pratique, elle implique une approche holistique des soins, prenant en compte les dimensions physiques, psychologiques et sociales de la santé.
Les soignants doivent s’efforcer de faire le bien et d’éviter le mal, en évaluant attentivement la balance bénéfice/risque de chaque intervention médicale ou action de santé publique.
Le rôle de l'empathie dans la relation soignant/soigné
Définition de l'empathie dans le contexte médical
L'empathie, dans le contexte médical, est la capacité des soignants à comprendre et à partager les sentiments et les perspectives de leurs patients. Selon Carl Rogers, elle implique de percevoir le cadre de référence interne de l'autre, avec ses composants émotionnels et ses significations, tout en maintenant une distance émotionnelle nécessaire pour conserver une posture professionnelle. Cette définition met en évidence que l'empathie ne se limite pas à une simple identification aux émotions de l'autre, mais correspond à une compréhension profonde et une reconnaissance de son expérience subjective.
Elle permet ainsi au soignant de se mettre à la place du patient sans pour autant fusionner avec lui, ce qui est essentiel pour une relation thérapeutique efficace. L'empathie dans le soin est une disposition psychique qui consiste à comprendre le monde et les expériences du patient de manière objective et empathique, sans nécessairement ressentir ses émotions.
L'impact de l'empathie sur la qualité des soins
L'empathie a un impact considérable sur la qualité des soins prodigués. Lorsqu'un soignant adopte une attitude empathique, il crée un environnement de confiance et de compréhension mutuelle avec ses patients. Cela améliore la communication, permettant aux patients de se sentir écoutés et compris, ce qui renforce leur adhésion au traitement et leur satisfaction globale.
De plus, l'empathie aide les soignants à développer une pensée objective, essentielle pour appréhender les besoins et les préoccupations des patients. Cette approche holistique des soins prend en compte les dimensions physiques, psychologiques et sociales de la santé, conduisant à des soins plus personnalisés et plus efficaces. En outre, l'empathie réduit le stress et l'anxiété des patients, contribuant ainsi à leur rétablissement et à leur bien-être général.
Elle joue également un rôle clé dans l'établissement de rapports de confiance, indispensables pour bâtir une relation thérapeutique solide et productive.
Comment développer et maintenir une attitude empathique ?
Développer et maintenir une attitude empathique repose sur une combinaison de compétences et de pratiques spécifiques. Tout d'abord, les soignants doivent être formés à l'empathie à travers des programmes de formation initiale et continue. Ces programmes devraient inclure des ateliers sur l'écoute active, l'observation et la communication non verbale.
Il est également essentiel de favoriser un environnement de travail qui soutienne l'empathie. Cela peut inclure des politiques permettant une gestion équilibrée du temps et des charges de travail, afin que les soignants puissent consacrer suffisamment de temps à chaque patient. Des ressources pour gérer le stress et prévenir la fatigue professionnelle sont également indispensables.
En pratique, les soignants peuvent renforcer leur empathie en utilisant des techniques telles que la réflexion active des sentiments et des pensées du patient, et en adoptant un langage rassurant et adapté. L'empathie est un processus continu qui demande une attention constante et une volonté sincère de comprendre et de partager l'expérience du patient.
Les défis contemporains

L'influence de la technologie
Les avancées technologiques dans le domaine de la santé transforment profondément la relation entre soignant et soigné. D'une part, elles révolutionnent la prestation des soins en améliorant la précision, l'efficacité et la gestion globale. Grâce aux dossiers électroniques, à la télémédecine et aux technologies de télésurveillance, l'accessibilité et la commodité des soins ont considérablement augmenté, notamment dans les zones mal desservies ou isolées.
Cependant, cette intégration technologique peut aussi créer une certaine distanciation émotionnelle entre le médecin et le patient. La relation risque de devenir plus mécanique, centrée uniquement sur la santé physique, en négligeant les aspects psychosociaux et émotionnels des interactions traditionnelles. Cela peut impacter la qualité des soins et la satisfaction des patients. Les soignants doivent donc trouver un équilibre entre les avantages offerts par la technologie et la nécessité de préserver une relation humaine, basée sur l'empathie.
Gestion des crises et des situations d'urgence
Les crises et les situations d'urgence constituent un autre défi majeur dans la relation soignant/soigné. Dans ces moments critiques, les soignants doivent agir rapidement tout en maintenant une communication claire et rassurante avec les patients et leurs proches. Ces contextes exigent une grande capacité d'adaptation, de calme et de professionnalisme.
Pour faire face à ces situations, les soignants doivent être préparés à gérer le stress et l'anxiété qui y sont associés. Une formation spécifique et continue en gestion de crise est essentielle, ainsi que la mise en place de protocoles clairs et bien définis. Cela permet de garantir une réponse efficace tout en restant humain et empathique.
Les attentes changeantes des patients
Les attentes des patients évoluent rapidement sous l'influence des progrès technologiques, des transformations sociétales et des nouvelles normes de santé. Aujourd'hui, les patients sont mieux informés et souhaitent jouer un rôle actif dans leur parcours de soins. Ils demandent une approche plus personnalisée et participative de la part des soignants.
Pour répondre à ces attentes, les soignants doivent offrir des soins centrés sur le patient, en prenant en compte ses préférences et ses valeurs. Cela implique une communication ouverte et une écoute active pour comprendre les besoins spécifiques de chaque individu. Adapter les soins en conséquence devient alors une priorité pour garantir la satisfaction et le bien-être des patients.
Conclusion
La relation soignant/soigné est un élément fondamental pour garantir une prestation de soins de qualité. Elle repose sur des principes essentiels tels que la communication efficace, l'empathie, le respect de la confidentialité et de l'autonomie du patient. Pour cela, il est important que les soignants soient formés afin de développer ces compétences et de maintenir une attitude à la fois empathique et professionnelle, même face aux défis contemporains comme l'impact croissant de la technologie ou la gestion des crises d'urgence.
Il est tout aussi essentiel de reconnaître le patient comme un partenaire actif dans le processus de soin. Cela implique d'intégrer son éducation à la santé et de favoriser sa participation dans les décisions thérapeutiques. En adoptant ces approches, les soignants peuvent non seulement améliorer la satisfaction des patients, mais également optimiser les résultats de leurs soins. Nous encourageons vivement tous les professionnels de la santé à appliquer ces principes dans leur pratique quotidienne. Cela contribuera à renforcer la relation soignant/soigné et à promouvoir des soins de haute qualité, centrés sur le patient et respectueux de ses droits et de ses besoins.
FAQ
Comment définir la relation soignant-soigné ?
La relation soignant-soigné est un lien bilatéral asymétrique entre un professionnel de santé (le soignant) et une personne nécessitant des soins (le soigné). Elle repose sur un engagement personnel, une objectivité et une disponibilité de la part du soignant, dans le but d'apporter aide et soutien au soigné jusqu'à son retour à l'autonomie.
Cette relation est influencée par des attitudes intersubjectives et des ressorts affectifs. Elle nécessite une communication efficace et une évolution vers un partenariat axé sur l'autonomie maximale du malade.
Quels sont les 4 niveaux de la relation soignant-soigné ?
Les 4 niveaux de la relation soignant-soigné, selon Louis Malabeuf, sont :
- Relation de civilité : Rituel social de reconnaissance, comprenant politesse, courtoisie et salutations.
- Relation fonctionnelle : Recueil d'informations sur le patient pour orienter la prise en soin.
- Relation de compréhension : Soutien et réassurance grâce à une écoute attentive.
- Relation d'aide thérapeutique : Technique d'entretien basée sur l'empathie et une écoute centrée sur la personne, permettant d'exprimer et de résoudre des problématiques internes.
Comment Carl Rogers définit-il la relation soignant-soigné ?
Carl Rogers décrit la relation soignant-soigné comme une rencontre authentique et empathique. Il met en avant trois attitudes fondamentales du thérapeute :
- La congruence : Authenticité et transparence.
- La considération positive inconditionnelle : Acceptation sans jugement.
- L'empathie : Compréhension du client selon son propre point de vue.
Comment un soignant peut-il garder la relation avec son soigné ?
Pour maintenir une relation positive avec son soigné, le soignant doit adopter une approche centrée sur le patient. Cela implique d'écouter ses besoins, de respecter ses choix et de l'impliquer dans chaque étape de son parcours de soins.
L'empathie, la confiance et le soutien sont des éléments essentiels. L'utilisation d'outils tels que des enquêtes sur l'expérience patient et des plateformes collaboratives peut également renforcer cette relation.