Une infection nosocomiale, également appelée infection associée aux soins, désigne une infection contractée par un patient lors de son séjour dans un établissement de santé, comme un hôpital. Cette infection n'était ni présente ni en incubation au moment de l'admission. Les infections nosocomiales représentent un véritable enjeu de santé publique en raison de leur fréquence, de leurs conséquences parfois graves et de la difficulté à les prévenir totalement. Le risque de contracter une infection nosocomiale est particulièrement élevé chez les patients vulnérables, ceux soumis à des interventions chirurgicales ou à des soins invasifs.
Pour limiter leur survenue dans les établissements de santé, il est important de bien comprendre les mécanismes de contamination, d'identifier les facteurs de risque et de mettre en œuvre des mesures de prévention efficaces.
Qu'est-ce qu'une infection nosocomiale ?

Définition et contexte
Une infection nosocomiale est une infection contractée dans un établissement de santé, tel qu'un hôpital ou une clinique, qui n'était ni présente ni en incubation au moment de l'admission du patient. Pour être qualifiée de nosocomiale, cette infection apparaît généralement au moins 48 heures après l'admission. Elle peut également survenir jusqu'à 30 jours après une intervention chirurgicale, voire un an si un matériel médical étranger a été implanté.
Cette définition repose sur des critères épidémiologiques précis, permettant de distinguer les infections liées aux soins des infections communautaires. Ces infections peuvent être causées directement par un acte médical ou simplement par une exposition à l'environnement hospitalier.
Statistiques et impact sur les soins de santé
Les infections nosocomiales représentent un défi de taille pour les établissements de santé à travers le monde. Leur prévalence varie d'un pays à l'autre et d'un établissement à l'autre, mais elles concernent une proportion importante de patients hospitalisés. Par exemple, certaines études estiment qu'environ 5 à 10 % des patients hospitalisés développent une infection nosocomiale.
Ces infections entraînent une augmentation de la durée d'hospitalisation, une hausse des coûts de santé, et une aggravation de l'état de santé des patients, en particulier lorsque des bactéries résistantes, comme le Staphylococcus aureus résistant (SARM), sont en cause. Une surveillance rigoureuse de ces infections est essentielle pour améliorer la qualité des soins et instaurer des mesures de prévention efficaces.
Les principales causes des infections nosocomiales
La transmission des micro-organismes
La principale cause des infections nosocomiales est la transmission de micro-organismes pathogènes d’une source à une autre, souvent entre patients, visiteurs et le personnel soignant. Cette transmission peut être directe, par contact manuel (infections « croisées »), ou indirecte, via des surfaces et du matériel médical contaminés.
On distingue deux origines :
- Endogène : lorsque le patient s’infecte avec ses propres germes opportunistes.
- Exogène : lorsqu’il est contaminé par des agents extérieurs, comme d’autres patients ou l’environnement hospitalier.
L'environnement hospitalier
L’environnement hospitalier constitue un réservoir important de bactéries et autres micro-organismes, notamment des souches résistantes comme le Staphylococcus aureus résistant (SARM) ou Pseudomonas aeruginosa. L’air, l’eau, les équipements médicaux et les surfaces peuvent devenir des vecteurs si les normes d’hygiène et de désinfection ne sont pas strictement respectées.
De plus, la densité élevée des patients et la fréquence des interventions chirurgicales augmentent considérablement le risque de dissémination.
Les procédures médicales et chirurgicales
Les actes invasifs, tels que les interventions chirurgicales, la pose de cathéters, les sondages urinaires ou autres dispositifs médicaux, créent des portes d'entrée pour les micro-organismes. Ces procédures peuvent perturber les barrières naturelles de défense du patient et favoriser la survenue d’infections associées aux soins.
La contamination peut également survenir à cause d’un lavage insuffisant des mains ou d’un équipement médical mal stérilisé.
La résistance aux antimicrobiens
Un facteur aggravant est la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques, comme le Staphylococcus aureus résistant ou certaines souches de Pseudomonas aeruginosa. Cette résistance complique le traitement des infections nosocomiales, augmente le risque de complications et prolonge la durée du séjour hospitalier.
La sélection de ces bactéries résistantes est souvent liée à un usage inapproprié des antibiotiques au sein des établissements de santé.
Facteurs contribuant à la survenue d'infections nosocomiales

Le rôle du personnel soignant
Le personnel soignant joue un rôle essentiel dans la prévention et la propagation des infections nosocomiales. Une hygiène des mains insuffisante ou le non-respect strict des protocoles d’asepsie lors des soins peuvent favoriser la transmission de bactéries entre patients.
En outre, un port incorrect des équipements de protection individuelle expose non seulement les patients, mais également les soignants à un risque accru d'infections.
Les dispositifs médicaux et matériel d'hospitalisation
Les dispositifs médicaux invasifs, tels que les cathéters, sondes urinaires et tubes de ventilation, représentent des facteurs majeurs de risque. Ils constituent des portes d'entrée directes pour les micro-organismes. Une utilisation prolongée ou une stérilisation inadéquate de ces dispositifs peut augmenter de manière significative la probabilité d'apparition d’une infection nosocomiale.
La vulnérabilité des patients
Certains patients sont particulièrement vulnérables aux infections nosocomiales, notamment les personnes âgées, les nouveau-nés, les immunodéprimés (comme ceux atteints du VIH ou sous chimiothérapie), les grands brûlés et les polytraumatisés. Leur système immunitaire affaibli ainsi qu'une comorbidité souvent élevée favorisent la survenue d'infections pendant les hospitalisations.
Les pratiques d'hygiène et de désinfection
Une mauvaise application des pratiques d'hygiène et de désinfection dans les établissements de santé contribue à la persistance et à la propagation des bactéries responsables des infections nosocomiales. Le non-respect des règles concernant l’entretien des surfaces, la stérilisation des instruments ou la gestion des déchets hospitaliers augmente le risque infectieux pour les patients.
Types d'infections nosocomiales les plus fréquentes et leurs causes spécifiques
Infections du site chirurgical
Les infections du site chirurgical apparaissent généralement après une intervention chirurgicale, lorsque des micro-organismes contaminent la plaie opératoire. Ces infections sont souvent dues à des bactéries présentes sur la peau du patient ou introduites par des instruments chirurgicaux. Le Staphylococcus aureus, notamment sous sa forme résistante (SARM), est fréquemment impliqué.
Ces infections peuvent entraîner des retards dans la cicatrisation, nécessiter des traitements prolongés et augmenter le risque de complications graves.
Infections urinaires associées aux cathéters
Les infections urinaires constituent la première cause d’infections nosocomiales. Elles sont principalement liées à l’utilisation de sondes urinaires, qui créent une voie d’accès directe aux voies urinaires. Cela facilite la pénétration de bactéries telles que Escherichia coli. Les patients âgés ou ceux en soins intensifs sont particulièrement vulnérables.
Ces infections peuvent varier d'une simple cystite à des complications graves, comme des infections rénales.
Infections de la circulation sanguine liées aux cathéters
Les cathéters veineux, en particulier lorsqu’ils sont utilisés sur de longues périodes, sont une source fréquente d’infections sanguines nosocomiales. Les bactéries peuvent coloniser la surface du cathéter et se diffuser dans le sang, entraînant des septicémies potentiellement sévères.
Les micro-organismes responsables incluent souvent des bactéries résistantes, comme Staphylococcus aureus résistant. Une stérilisation rigoureuse et un suivi attentif des dispositifs sont essentiels pour limiter ces infections.
Pneumonies associées à la ventilation mécanique
Les pneumonies nosocomiales surviennent fréquemment chez les patients sous ventilation mécanique. Le tube endotrachéal utilisé dans ce contexte facilite la colonisation des voies respiratoires par des bactéries pathogènes, telles que Pseudomonas aeruginosa.
Ces pneumonies compliquent souvent les séjours hospitaliers, en particulier en réanimation, avec une mortalité élevée si elles ne sont pas prises en charge rapidement.
Stratégies de prévention et d'intervention

Le renforcement des protocoles d'hygiène
Le renforcement des protocoles d’hygiène constitue l’un des moyens les plus efficaces pour lutter contre les infections nosocomiales. Cela implique l’application rigoureuse des précautions standard, telles que l’hygiène des mains aux moments clés, la désinfection systématique des surfaces et du matériel, ainsi que le port adéquat des mesures de prévention efficaces. Ces pratiques permettent d’éviter la transmission croisée des bactéries et autres micro-organismes pathogènes dans tous les services hospitaliers, en particulier dans les zones sensibles comme les blocs opératoires et les unités de soins intensifs.
L'importance de la surveillance et du suivi des infections
Une surveillance active des infections nosocomiales est essentielle pour mesurer avec précision leur prévalence au sein d’un établissement de santé. Cette approche repose sur la collecte régulière de données, leur analyse microbiologique et la production de rapports détaillés.
Elle permet de détecter rapidement les foyers infectieux, d’orienter les mesures de prévention adaptées et d’évaluer leur efficacité. Les équipes spécialisées, ainsi que les comités infections, jouent un rôle central dans ce suivi, qui constitue un pilier incontournable de la lutte contre ces infections.
La formation et l'éducation du personnel soignant
La formation continue et l’éducation du personnel soignant sont des éléments clés pour garantir le respect des bonnes pratiques. La sensibilisation aux gestes d’hygiène, à l’utilisation correcte des dispositifs médicaux et à la gestion des risques liés aux infections associées aux soins contribue à réduire le risque de transmission.
Ces programmes de formation, intégrés aux politiques hospitalières, sont régulièrement mis à jour pour inclure les dernières innovations et les résultats des recherches les plus récentes.
Les innovations technologiques pour réduire le risque
Les avancées technologiques occupent une place de plus en plus importante dans la prévention des infections nosocomiales. Parmi elles, on trouve les dispositifs médicaux dotés de surfaces antibactériennes, les systèmes automatisés de stérilisation et les capteurs permettant le suivi de l’hygiène des mains.
De plus, les outils numériques facilitent la surveillance des infections et le pilotage des actions correctives en temps réel, améliorant ainsi la sécurité des soins et optimisant leur efficacité.
Conclusion
Les infections nosocomiales constituent un enjeu majeur pour la sécurité des patients et la qualité des soins au sein des établissements de santé. Leur apparition est principalement liée à la transmission de micro-organismes, à la vulnérabilité des patients, ainsi qu'à l’utilisation de dispositifs médicaux invasifs. Pour lutter efficacement contre ces infections, il est essentiel de renforcer les mesures de prévention. Cela passe par l’application rigoureuse des protocoles d’hygiène, une formation continue et adaptée du personnel soignant, ainsi qu’une surveillance accrue et systématique.
En adoptant ces bonnes pratiques et en soutenant activement les initiatives d’éducation et d’innovation en santé, vous pouvez jouer un rôle clé dans la réduction des infections nosocomiales et contribuer à une meilleure sécurité pour tous les patients.
FAQ
Quelle est la maladie nosocomiale la plus courante ?
La maladie nosocomiale la plus courante est l'infection urinaire, suivie des infections des voies respiratoires, des infections du site opératoire et des infections du sang. Ces infections touchent environ 5 % des patients hospitalisés en France, avec Escherichia coli comme bactérie fréquemment impliquée.
Quels sont les signes d'une infection nosocomiale ?
Les signes d'une infection nosocomiale varient selon sa localisation. Ils incluent : fièvre, frissons, douleurs, toux, essoufflement, vomissements, céphalées et douleurs thoraciques.
Pour une infection urinaire, les symptômes typiques sont : brûlures, besoin fréquent d'uriner, lourdeur pelvienne et urines troubles. Une inflammation ou un écoulement peut également être présent.
Comment se débarrasser d'une infection nosocomiale ?
Pour éliminer une infection nosocomiale, il est essentiel d'identifier la bactérie responsable grâce à un prélèvement. Ensuite, un traitement antibiotique ciblé est prescrit en fonction des résultats de l'antibiogramme.
Dans certains cas, un retrait ou un changement des dispositifs invasifs peut être nécessaire, voire une intervention chirurgicale pour drainer la zone infectée. Un suivi rigoureux garantit l'efficacité du traitement.
Quels sont les 4 types d'infections ?
Les 4 types d'infections sont :
- Infection virale : causée par des virus.
- Infection bactérienne : due aux bactéries.
- Infection fongique : provoquée par des champignons.
- Infection parasitaire : résultant de parasites comme les protozoaires.
Ces classifications couvrent la majorité des infections humaines.