Audrey Wargnier, professionnelle de santé inspirante et passionnée
Après une dizaine d’années passées en tant qu’aide-soignante en psychogériatrie en EHPAD, Audrey Wargnier occupe aujourd’hui des fonctions de zoothérapeute, photographe et formatrice auprès des professionnels de santé.
Manon : Bonjour Audrey ! D’où te vient cette attirance pour le soin ?
Audrey : Bonjour Manon ! C’est assez personnel, comme souvent concernant les goûts et les attirances. Ça vient de mon grand-père. C'est lui qui m'a donné le goût du soin et de l'entraide.
Nous sommes une famille qui œuvre beaucoup dans le social et le milieu associatif. Mon grand-père a participé à beaucoup de comités scientifiques, a créé des centres de soins et a toujours été porté par l’entraide. Ma grand-mère donnait des cours de français aux enfants issus de l'immigration. Pour l'anecdote, je suis la seule de la famille (5 enfants, 13 petits enfants) à être dans le soin, j'ai pu annoncer à mon grand-père juste avant qu'il décède que j'allais devenir aide soignante. Il est décédé dans l'EHPAD où j'ai fait toute ma carrière. Petite, j'allais avec lui à certaines réunions, je sais que j'ai toujours été fascinée par son charisme et comme un "simple ouvrier" a pu œuvrer dans le domaine du soin et du social. Il était respecté par les grands professeurs, médecins et personnalités politiques de la ville de Reims.
Peux-tu raconter brièvement ton parcours ?
J’ai eu un parcours professionnel très diversifié. J’ai commencé ma vie professionnelle dans le commerce, puis des circonstances personnelles m’ont fait côtoyer le milieu du soin côté patient. Après avoir fait le bilan de cette première vie, j’ai compris que j’avais besoin de faire un métier qui soit en phase avec mes valeurs professionnelles et personnelles. J’ai donc décidé de me former à l’école d’Aides-soignants pour apprendre les bases du métier, puis ensuite évoluer. Dès le premier stage, j’ai su que le milieu du soin était fait pour moi !
Attirée en premier lieu par les secteurs techniques comme la réanimation, on m’a proposé un poste de titulaire en gériatrie que j’ai accepté en gardant en tête le souhait d’évoluer par la suite. Mais je suis tombée amoureuse de la gériatrie ! Mon pôle se montrait très créatif dans la prise en charge des patients avec Alzheimer, avec certaines limites bien évidemment. C’est d’ailleurs dans le cadre d’un colloque sur les interventions non-médicamenteuses Montessori que j’ai découvert la médiation animale. Tout de suite emballée, j’ai commencé par amener mon propre chien à l’établissement pour observer les effets sur les résidents. Ça a été un vrai effet “baguette magique” avec l’animal, les résidents se transformaient à son contact. Au début, je n’étais pas formée au métier mais j’ai très vite senti la nécessité de renforcer cette passion avec des compétences techniques avec l’encouragement et l’engouement de supérieur hiérarchique, et des collègues de l'ash au médecin. Après, tout n’a pas été rose et j’ai connu dans mon métier des difficultés que la plupart des soignants rencontrent…
Quels étaient ces défis et comment les as-tu surmontés ?
J’ai connu l'âge d’or et la dégringolade du métier d’aide-soignant !
Depuis quelques années, le manque de moyens humains se fait ressentir, combiné au manque de formation. On peut être très motivé, avoir envie de changer le monde du soin et d’aider nos patients, mais c’est difficile quand on n’est pas assez et que le système de hiérarchie ne joue pas en notre faveur. Les collègues avec des dizaines d’années d’expérience finissent par partir et ne sont pas remplacés, ou par des mi-temps. L’équipe est donc en sous-effectifs et les aides-soignants n’ont pas le temps de bien prendre en charge leurs patients. J’avais fait le calcul un jour, je disposais de 15 minutes chrono par patient chaque jour pour tout faire, ce qui n’est pas assez pour accompagner des personnes âgées.
Je disposais de 15 minutes chrono par patient chaque jour pour tout faire
J’ai également été confrontée à un manque de flexibilité face au changement. Devoir monter un projet pour chaque idée nouvelle freine la mise en place d’actions bénéfiques pour les patients.
Cette situation ne me convenait plus et j’ai vécu une perte de sens, j’avais le sentiment d’être maltraitante avec les patients, mais je ressentais toujours cette envie d’aider les autres et de continuer mon parcours dans le monde de la santé. J’ai donc décidé de tenter le tout pour le tout et de me lancer dans ma propre aventure.
Comment as tu découvert la SafeTeam Academy et qu’est-ce qui t’a inspiré à travailler avec nos ingénieurs pédagogiques ?
À travers la mise en place du calot nominatif, un outil simple et innovant. Comme quoi, même avec un bout de scotch et un marqueur, on peut innover et faire évoluer la sécurité des soins ! Cette astuce, nous l'avions mise en place lors de la crise sanitaire au sein de notre unité. Je suis ensuite allée regarder les contenus disponibles de la SafeTeam : vidéos, site internet, retours d'expérience sur la Safety Database… Ce qui m'a immédiatement emballé, c’est que la solution est créée par des soignants pour les soignants, et qu’elle permette la mise en place de changements concrets pour l'amélioration de la qualité et de la sécurité des soins.
Au-delà ce calot nominatif, j’ai été séduite par le format des formations e-learning en vidéo immersives. J'ai eu la chance d'en tester certaines, je peux vous dire que le contenu est très immersif, on se sent comme projeté dans notre quotidien de soignant ! Les situations de soins simulés sont au plus proches de la réalité pour alerter et sensibiliser les apprenants, avec ensuite un feedback qui a du sens.
Aussi, le module sur la bienveillance avec l'entretien d'Alice Casagrande est pour moi une référence ! J'utilise d'ailleurs cette interview dans les instituts de formation sur Reims auprès des soignants. C'est cela pour moi la SafeTeam, de l'engagement humain qui a du sens !
Quelles sont les qualités humaines et les compétences techniques à posséder pour remplir la mission d’AS en EHPAD ?
La première qualité humaine serait l'écoute, du résident, mais aussi de ses collègues. On ne peut pas travailler, avancer, créer seul(e) ! Et cette qualité s’accompagne aussi de la communication. Communiquer avec l'autre, c’est tout un art et ça s’apprend ! Ensuite, la capacité d'adaptation, c'est d'ailleurs un des objectifs sur lequel nous travaillons. J’ajouterais la sensibilisation des soignants sur l'adaptation dans leurs accompagnements. En effet, s'adapter lors des soins, c'est garder du sens dans ses actes, dans ses missions, dans son rôle. Je dirais aussi, avoir un bon sens de l'observation et faire attention à tous ces actes routiniers qui peuvent nous conduire aux erreurs ...
On ne peut pas travailler, avancer, créer seul(e) !
Je finirais par l’importance de l'attitude, du positionnement, de ce non-verbal mais aussi le choix des mots et cette fameuse empathie. Dès que l'on parle du personnel des EHPAD, on imagine des soignants de fin de courses, des soignants inaptes, sous-qualifiés. Toutes mes formations, je les ai acquises lors de mon parcours en gériatrie. On n'imagine pas la richesse des compétences techniques, humaines et relationnelles des professionnels qui œuvrent dans les EHPAD, ainsi que l’imagination qu’il faut pour permettre à nos aînés d’avoir le meilleur des accompagnements. Le plus complexe est de réussir à individualiser le soin dans le collectif. Et évidemment, savoir se remettre en question, être ouvert au changement. En bref : essayer, innover, se tromper, se former et réessayer.
Pour finir, quel est le mantra qui t’accompagne au quotidien ?
Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous. Selon les rencontres, tout peut changer en positif ou en négatif.
Merci Audrey !
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