Publié le
11/7/2025

Nefopam

Le néfopam est une substance active reconnue pour ses propriétés analgésiques centrales, se distinguant des morphiniques par une structure chimique non apparentée à celle des antalgiques traditionnellement connus.

Le Néfopam : un analgésique central non morphinique pour la gestion de la douleur aiguë

Le néfopam est une substance active reconnue pour ses propriétés analgésiques centrales, se distinguant des morphiniques par une structure chimique non apparentée à celle des antalgiques traditionnellement connus. Utilisé principalement dans le traitement symptomatique des affections douloureuses aiguës, notamment les douleurs post-opératoires, le néfopam constitue une option thérapeutique significative dans la prise en charge multimodale de la douleur. Cet article explore en profondeur ses caractéristiques, son utilisation, son efficacité, son profil de sécurité et sa place actuelle dans la stratégie thérapeutique.

Qu'est-ce que le Néfopam ? Mécanisme d'action et propriétés

Le néfopam est classé comme un analgésique central non morphinique. Sa structure chimique est unique ; il s'agit d'une benzoxazocine et d'un analogue cyclique de la diphénhydramine (un antihistaminique H1), et sa structure est également proche de l'orphénadrine (un antimuscarinique). Contrairement aux idées reçues, le néfopam ne fait pas partie des opioïdes.

Le mécanisme d'action précis du néfopam n'est pas encore complètement élucidé. Cependant, des études in vitro sur des synaptosomes de rat suggèrent une inhibition de la recapture des catécholamines et de la sérotonine. In vivo, chez l'animal, le néfopam a démontré des propriétés antinociceptives et une activité antihyperalgésique, bien que le mécanisme de cette dernière ne soit pas non plus entièrement compris.

Il est important de noter que le néfopam ne possède aucune action anti-inflammatoire ou antipyrétique. De plus, il n'entraîne pas de dépression respiratoire et ne ralentit pas le transit intestinal, des avantages notables par rapport à certains autres analgésiques. Cependant, le néfopam possède une activité anticholinergique. Sur le plan hémodynamique, une augmentation modérée et transitoire de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle a été observée. En outre, le néfopam a montré un effet sur le frisson post-opératoire au cours d'études cliniques. Il est classé parmi les antalgiques de palier I par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et figure également parmi les anti-hyperalgésiques dans la classification de Lussier et Beaulieu.

Indications et place dans la stratégie thérapeutique

Le néfopam est spécifiquement indiqué pour le traitement symptomatique des affections douloureuses aiguës, notamment des douleurs post-opératoires. Il est impératif de souligner que le néfopam n'a pas d'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour les douleurs chroniques. Cette distinction est cruciale pour une prescription appropriée et pour minimiser les risques de mésusage.

Dans la stratégie thérapeutique, NEFOPAM PANPHARMA 30 mg, comprimé pelliculé, est considéré comme une option thérapeutique dans la prise en charge multimodale des douleurs aiguës. L'analgésie multimodale est une approche qui consiste à associer différentes méthodes de lutte contre la douleur aiguë, qu'elles soient pharmacologiques ou non pharmacologiques, afin d'optimiser l'efficacité tout en minimisant les effets indésirables de chaque traitement. Cette approche est particulièrement adaptée aux douleurs aiguës. Le néfopam peut être utilisé comme traitement de première ou de deuxième intention dans ce cadre.

La population cible pour NEFOPAM PANPHARMA 30 mg, comprimé pelliculé, est restreinte aux patients traités pour des douleurs aiguës et est destinée aux adultes et adolescents de plus de 15 ans. Le médicament est pertinent pour une utilisation tant en milieu hospitalier qu'en ville.

La posologie du néfopam doit être adaptée à l'intensité de la douleur et à la réponse clinique individuelle de chaque patient. Il est généralement recommandé d'utiliser la posologie minimale efficace analgésique, et le traitement doit être de courte durée, ciblant spécifiquement la douleur aiguë. La dose initiale recommandée est de 1 à 2 comprimés, pouvant être augmentée d'un comprimé en fonction des besoins, jusqu'à une dose maximale de 6 comprimés par jour, répartie en 3 prises. Pour des précisions supplémentaires sur la posologie, il est toujours recommandé de se référer au Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP).

La douleur aiguë elle-même est définie comme un "signal d'alarme", un symptôme d'une atteinte organique ou physiopathologique sous-jacente. Son traitement rapide et efficace, en particulier pour les douleurs post-opératoires et traumatiques, a un impact immédiat sur le confort du patient et réduit les morbidités périopératoires et péritraumatiques. Ce traitement est également un facteur de prévention crucial contre le développement de la douleur chronique.

Pour évaluer l'intensité de la douleur, des outils comme l'échelle visuelle analogique (EVA) et l'échelle numérique simple (ENS) sont des références. Si l'auto-évaluation n'est pas possible, une hétéroévaluation est nécessaire. Les objectifs thérapeutiques incluent un score EVA inférieur ou égal à 30 mm ou un score ENS inférieur ou égal à 3, avec des scores de sédation et d'analgésie spécifiques.

La prise en charge actuelle de la douleur aiguë en médecine d'urgence utilise une large gamme d'agents analgésiques, y compris le paracétamol, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les opioïdes et le protoxyde d'azote. Depuis le retrait des associations paracétamol/dextropropoxyphène en 2010-2011, les recommandations françaises ont été revues, préconisant le paracétamol pour les douleurs légères à modérées, les AINS ou les opioïdes faibles pour les douleurs modérées à intenses, et les opioïdes forts pour les douleurs intenses. Il est de plus en plus préconisé de limiter l'utilisation des opioïdes aux douleurs intenses ou lorsque les non-opioïdes sont inefficaces ou contre-indiqués.

Le néfopam s'inscrit dans cette panoplie d'options. Par exemple, dans les cas de traumatologie, le néfopam peut être associé à la morphine, au MEOPA ou à la kétamine dans le cadre de l'analgésie multimodale. Pour les douleurs neuropathiques aiguës, le néfopam à faible posologie peut être utilisé en association avec les antalgiques usuels.

Parmi les comparateurs cliniquement pertinents dans le périmètre d'évaluation du néfopam oral, on trouve d'autres présentations de néfopam remboursables (injectables) et une multitude d'autres analgésiques recommandés pour les douleurs aiguës. Cela inclut les antalgiques non opioïdes (palier I) comme le paracétamol et les AINS, les opioïdes faibles (palier II) comme le tramadol ou des associations fixes (codéine/paracétamol), des agents anesthésiques par inhalation (MEOPA, méthoxyflurane), et les opioïdes de palier III (morphine, fentanyl, sufentanil, oxycodone), ainsi que des anesthésiques par voie IV comme la kétamine. Les traitements non médicamenteux (immobilisation, thermothérapie, approches psychologiques) sont également essentiels dans une approche multimodale.

Formes commerciales et bioéquivalence

Historiquement, le néfopam était principalement disponible sous forme injectable en France, commercialisé sous le nom d'Acupan. Cependant, face à un mésusage fréquent de la spécialité injectable par voie orale (notamment en versant l'ampoule sur un morceau de sucre), et suite aux recommandations des autorités de santé, la commercialisation d'une forme orale a été encouragée.

C'est dans ce contexte que NEFOPAM PANPHARMA 30 mg, comprimé pelliculé, a été introduit. Il s'agit d'un médicament générique de la spécialité ACUPAN 30 mg, comprimé enrobé, qui n'était pas inscrite sur les listes de remboursement. C'est la première demande d'inscription d'une spécialité à base de néfopam administrée par voie orale.

Le dossier de NEFOPAM PANPHARMA 30 mg, comprimé pelliculé, repose sur une étude de bioéquivalence (étude NFA-P2-746) comparant son profil pharmacocinétique à celui d'ACUPAN 30 mg, comprimé enrobé. Cette étude, randomisée, croisée et en simple aveugle, a été menée chez 24 volontaires sains et a conclu à la bioéquivalence des deux formulations de néfopam sous forme comprimé. Les paramètres pharmacocinétiques (AUC0-t et Cmax) étaient comparables, avec des ratios et intervalles de confiance dans les limites acceptables.

Il est intéressant de noter que la pharmacocinétique du néfopam injectable administré par voie orale a également été étudiée. La biodisponibilité de la molécule mère du néfopam est faible (0,36 ± 0,13) après administration orale, probablement en raison d'un effet de premier passage hépatique important. La demi-vie plasmatique moyenne du néfopam est d'environ 4 heures après administration intraveineuse et 5,1 heures après administration orale. Le néfopam est largement biotransformé, produisant trois métabolites principaux, dont le desméthyl-néfopam, qui est un métabolite actif. La demi-vie de ce métabolite est deux à trois fois plus longue que celle de la molécule mère (environ 10-15 heures versus 3-8 heures pour le néfopam). L'élimination est principalement urinaire (87% de la dose administrée). Ces données pharmacocinétiques expliquent en partie pourquoi la forme injectable était détournée par voie orale et pourquoi une forme orale dédiée était nécessaire pour une administration plus contrôlée et sûre.

Efficacité clinique et données actuelles

L'évaluation de l'efficacité clinique du néfopam sous forme de comprimé s'appuie principalement sur les données d'efficacité du néfopam injectable, notamment son effet d'épargne morphinique en contexte post-opératoire. Cependant, le rapport efficacité/effets indésirables du néfopam sous forme orale dans les douleurs aiguës est mal établi et nécessite d'être précisé par rapport aux comparateurs actifs.

Une méta-analyse en réseau de 2017 a évalué l'efficacité d'antalgiques non morphiniques (ANM) seuls ou en association chez des adultes après une chirurgie majeure recevant une analgésie morphinique contrôlée par le patient. Cette analyse a montré que l'association de deux ANM, tels que l'acétaminophène (paracétamol) et le néfopam, ou l'acétaminophène et les AINS, ou le tramadol et le métamizole, était associée à un effet d'épargne morphinique significatif (réduction de la consommation de morphine sur 24 heures). Parmi les ANM utilisés seuls, le néfopam a montré un effet d'épargne morphinique notable (-10,3 mg sur 24 heures par rapport au placebo).

Cependant, une revue Cochrane de 2009 a souligné l'absence d'études évaluant l'efficacité du néfopam par voie orale par rapport au placebo dans la douleur post-opératoire aiguë. En conséquence, les auteurs de cette revue ont conclu qu'en l'absence de preuves claires d'efficacité, l'utilisation du néfopam oral dans cette indication n'était pas justifiée. Une revue Cochrane plus large de 2015, compilant 39 revues sur les analgésiques oraux en dose unique pour la douleur post-opératoire aiguë, a également relevé l'absence de données cliniques comparant le néfopam oral au placebo. Cela met en évidence un besoin de recherches supplémentaires pour établir clairement l'efficacité du néfopam oral par rapport à un placebo.

Malgré le manque d'études directes contre placebo pour la forme orale, le néfopam est mentionné dans les recommandations de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR) et de la Société Française d'Étude et de Traitement de la Douleur (SFETD) de 2022. Dans leur "Livre Blanc de la Douleur", le néfopam est classé parmi les antalgiques indiqués pour les douleurs modérées. Il est également précisé que l'utilisation de néfopam, même sous sa forme injectable, reste possible par voie orale, mais avec une posologie limitée à 20 mg toutes les 4 heures en raison de sa biodisponibilité de 36% et de la métabolisation en desméthyl-néfopam, son métabolite actif.

Il est à noter que les recommandations de la Société Européenne de Médecine d'Urgence (EUSEM) de 2020 sur la prise en charge de la douleur aiguë en situation d'urgence ne citent pas le néfopam.

Profil de tolérance et effets indésirables

Le profil de tolérance du néfopam doit être pris en compte attentivement en raison de ses effets indésirables potentiels, dont certains peuvent être fréquents ou importants.

Les effets indésirables les plus fréquemment rapportés sont:

  • Très fréquents (> 1/10) :
    • Somnolence
    • Nausées (avec ou sans vomissements)
    • Hyperhidrose (transpiration excessive)

Les effets indésirables fréquents (entre 1/100 et 1/10) incluent:

  • Vertiges
  • Tachycardie (accélération du rythme cardiaque)
  • Palpitations
  • Sécheresse buccale
  • Rétention urinaire

D'autres effets atropiniques, bien que n'ayant jamais été rapportés, sont susceptibles d'être constatés. Des cas d'états confusionnels ont été ajoutés au RCP des spécialités à base de néfopam en 2017, suite à une analyse des effets indésirables par le Comité de pharmacovigilance de l'Agence européenne du médicament.

Le Résumé des Risques du Plan de Gestion des Risques (PGR) de NEFOPAM PANPHARMA de juillet 2019 identifie plusieurs risques importants et potentiels:

  • Risques importants identifiés :
    • Patients ayant des antécédents de troubles convulsifs
    • Hypersensibilité à la substance active ou aux excipients
    • Insuffisance hépatique
    • Insuffisance rénale
  • Risques importants potentiels :
    • Administration concomitante avec des antidépresseurs tricycliques
    • Effet additif avec les anticholinergiques (ex: solifénacine, diphenhydramine, dextrométhorphane)
    • Effet additif avec les sympathomimétiques (ex: éphédrine, méthylphénidate)
    • Effets cardiaques, par exemple tachycardie
    • Effets cardio-vasculaires, par exemple hypotension
    • Effets sur le système nerveux central (SNC), par exemple hallucination, confusion, sensation de tête légère
    • Surdosage au sein d'une population âgée, en dose initiale
    • Rétention urinaire
    • Abus et mésusage (détaillé ci-après)
    • Altération de la capacité à conduire en toute sécurité ou à utiliser des machines

Le néfopam est contre-indiqué dans les cas suivants:

  • Enfant de moins de 15 ans
  • Convulsions ou antécédents de troubles convulsifs
  • Risque de glaucome par fermeture de l'angle
  • Risques de rétention urinaire liés à des troubles urétroprostatiques

Des précautions d'emploi sont nécessaires en cas d'insuffisance hépatique ou rénale (risque d'accumulation et d'augmentation des effets indésirables), chez les patients souffrant de pathologies cardiovasculaires (en raison de l'effet tachycardisant), et chez le sujet âgé (en raison des effets anticholinergiques). Le rapport bénéfice/risque du traitement par néfopam doit être réévalué régulièrement.

Risque d'abus et de pharmacodépendance

Un aspect important et préoccupant du néfopam est le risque de pharmacodépendance, d'abus et de mésusage. Ce risque a été documenté depuis de nombreuses années en France. Le premier signal d'addictovigilance français lié au néfopam remonte à 1987, avec la publication du premier cas d'addiction. Une première enquête nationale de pharmacodépendance a été menée en 1995.

Une recrudescence du mésusage, en particulier l'utilisation de la forme injectable par voie orale ("versé sur un morceau de sucre"), a conduit à une enquête officielle conjointe de pharmacovigilance et d'addictovigilance en 2010-2011. Malgré un nombre de notifications d'abus et de pharmacodépendance jugé peu élevé par rapport à l'importante consommation de néfopam (ce qui pourrait s'expliquer par une sous-notification), les analyses ont confirmé le risque d'abus et de dépendance, notamment chez les sujets souffrant de douleurs chroniques.

Les données de remboursement du néfopam entre 2006 et 2017 ont montré une augmentation continue du nombre de patients exposés. En 2017, près de 1% de la population française avait été exposée au néfopam. De manière alarmante, un patient sur deux (49,2%) s'était vu prescrire du néfopam dans le cadre d'une douleur chronique (antalgie supérieure à 3 mois), alors même que l'AMM ne le permet pas. Ce détournement d'usage est fréquent, avec une estimation de 70% des prescriptions de néfopam injectable étant utilisées par voie orale hors AMM selon un rapport de l'Académie nationale de médecine de 2018.

Les patients concernés par ce mésusage étaient majoritairement des femmes (63,3%) avec un âge médian de 57 ans. Les prescriptions étaient souvent faites par des médecins libéraux (72,6%), dont 86,1% par des médecins généralistes, et seulement 18,7% en milieu hospitalier. Les antalgiques les plus fréquemment co-prescrits étaient le paracétamol, les AINS et les opioïdes faibles.

Le comité technique des CEIP-A (Centres d'Évaluation et d'Information sur la Pharmacodépendance-Addictovigilance) a rappelé en mai 2019 que le mésusage de la spécialité injectable par voie orale était fréquent, présentant un profil de pharmacodépendance de type psychostimulant et une utilisation dans les douleurs chroniques. Pour pallier ces problèmes, quatre propositions ont été émises :

  1. Encourager la commercialisation d'une forme orale (pour éviter l'auto-administration IV du néfopam).
  2. Limiter la durée de prescription des spécialités injectables de néfopam à 28 jours une fois la forme orale commercialisée.
  3. Maintenir la surveillance du néfopam.
  4. Effectuer des études complémentaires.

Il est essentiel de noter que le néfopam, n'étant ni un morphinique ni un antagoniste des morphiniques, son arrêt chez un patient physiquement dépendant et traité par néfopam ne doit pas servir de substitution aux opioïdes car cela risquerait d'entraîner un syndrome de sevrage aux opioïdes. Le risque de pharmacodépendance existe bien avec le néfopam, et des cas d'addiction primaire et secondaire ont été observés.

Interactions médicamenteuses

Les interactions médicamenteuses du néfopam sont importantes à considérer en raison de ses effets additifs et de son impact potentiel sur la vigilance. Il est crucial de faire preuve de prudence et de vérifier les associations avant toute prescription.

Associations déconseillées:

  • Alcool : L'alcool majore l'effet sédatif du néfopam. Il est donc fortement déconseillé d'absorber de l'alcool pendant le traitement par néfopam.

Associations à prendre en compte:Le néfopam peut entraîner des effets additifs avec d'autres molécules, en particulier celles qui ont des effets dépresseurs sur le système nerveux central (SNC). Cette altération de la vigilance peut rendre dangereuse la conduite de véhicules et l'utilisation de machines. Parmi les médicaments sédatifs à prendre en compte, on trouve :

  • Les dérivés morphiniques (analgésiques, antitussifs et traitements de substitution).
  • Les neuroleptiques.
  • Les antidépresseurs sédatifs (comme l'amitriptyline, la doxépine, la miansérine, la mirtazapine, la trimipramine).
  • Les barbituriques.
  • Les benzodiazépines et autres anxiolytiques (comme le méprobamate).
  • Les hypnotiques.
  • Les antihistaminiques H1 sédatifs.
  • Les antihypertenseurs centraux.
  • Le baclofène.
  • Le thalidomide.

En outre, le Plan de Gestion des Risques (PGR) de NEFOPAM PANPHARMA identifie des effets additifs potentiels avec:

  • Les anticholinergiques (par exemple, solifénacine, diphenhydramine, dextrométhorphane).
  • Les sympathomimétiques (par exemple, éphédrine, méthylphénidate).

Ces interactions soulignent la nécessité pour les professionnels de santé de procéder à une analyse approfondie des ordonnances pour éviter les associations dangereuses et d'informer les patients des risques liés à la prise concomitante d'autres substances.

Avis des autorités de santé et remboursement

Les autorités de santé en France, et plus particulièrement la Commission de la Transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS), ont rendu un avis détaillé sur NEFOPAM PANPHARMA 30 mg, comprimé pelliculé.

La Commission de la Transparence a adopté un avis favorable au remboursement dans l'indication « Traitement symptomatique des affections douloureuses aiguës, notamment des douleurs post-opératoires », lors de sa séance du 18 octobre 2023.

Concernant le Service Médical Rendu (SMR), la Commission a considéré qu'il était MODÉRÉ dans l'indication de l'AMM. Cet avis prend en compte le fait que le traitement rapide et efficace des douleurs aiguës a un impact immédiat sur le confort du patient et peut prévenir le développement de la douleur chronique. Néanmoins, il est noté que le néfopam est un médicament à visée symptomatique et que son rapport efficacité/effets indésirables est mal établi et reste à préciser par rapport aux comparateurs actifs. NEFOPAM PANPHARMA 30 mg est donc considéré comme une option thérapeutique dans la prise en charge multimodale des douleurs aiguës.

Quant à l'Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR), la Commission a conclu que NEFOPAM PANPHARMA 30 mg, comprimé pelliculé, n'apportait pas de progrès (ASMR V) par rapport à la spécialité ACUPAN 20 mg/2 mL, solution injectable et ses génériques. Cela signifie que bien qu'il s'agisse d'une nouvelle forme galénique orale, elle n'offre pas un bénéfice clinique supérieur aux formes injectables déjà disponibles.

En termes d'Intérêt de Santé Publique (ISP), la Commission a estimé que cette spécialité n'est pas susceptible d'avoir un impact supplémentaire sur la santé publique. Le nombre de patients susceptibles d'être traités par du néfopam sous forme orale est estimé à environ 1,1 million. Cette estimation est basée sur les données d'utilisation du néfopam injectable en 2022 (environ 1,5 millions de "consommants"), en tenant compte du fait qu'une grande partie des prescriptions de la forme injectable était déjà détournée pour une utilisation orale.

Le taux de remboursement proposé pour l'inscription sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux est de 35%. Le médicament est également agréé à l'usage des collectivités.

La Commission a réitéré l'importance de son avis précédent en rappelant que le néfopam n'a pas d'AMM dans les douleurs chroniques. Cette précision est fondamentale pour encadrer l'utilisation de cette nouvelle forme orale et éviter le transfert du mésusage observé avec la forme injectable.

Considérations particulières : grossesse, allaitement et populations spécifiques

Bien que les sources fournies ne détaillent pas l'utilisation du néfopam pendant la grossesse et l'allaitement, elles mentionnent que ces situations représentent des informations manquantes dans le Plan de Gestion des Risques de NEFOPAM PANPHARMA. Cependant, la fiche DCI Vidal sur le néfopam chlorhydrate injectable indique un niveau de risque II (précautions) pour la grossesse et l'allaitement, suggérant que des précautions sont à prendre. Il est donc essentiel de consulter un professionnel de santé pour évaluer le rapport bénéfice/risque dans ces populations.

En ce qui concerne les enfants de moins de 15 ans, le néfopam est contre-indiqué en l'absence d'études cliniques pertinentes. De même, l'exposition chez les enfants de moins de 12 ans est une information manquante dans les données fournies.

Pour les sujets âgés, il est conseillé d'être particulièrement prudent en raison des effets anticholinergiques du produit, et le traitement est même déconseillé chez le sujet âgé selon l'ANSM. Le risque de surdosage en dose initiale chez cette population est également un risque potentiel identifié.

Les patients atteints d'insuffisance hépatique ou rénale doivent également faire l'objet d'une prudence accrue en raison du risque d'accumulation du produit et donc d'un risque augmenté d'effets indésirables.

Enfin, pour tous les patients avec une pathologie cardiovasculaire, une attention particulière est requise en raison de l'effet tachycardisant du néfopam. Le traitement de l'infarctus du myocarde ou des douleurs cardiaques est une information manquante dans les données d'utilisation du néfopam.

Ces considérations soulignent l'importance d'une évaluation individuelle du patient avant la prescription de néfopam, en tenant compte de ses antécédents médicaux et de toute comorbidité.

Conclusion : un nouvel outil dans l'arsenal de la douleur aiguë

NEFOPAM PANPHARMA 30 mg, comprimé pelliculé, représente une nouvelle option thérapeutique dans la prise en charge de la douleur aiguë en France, marquant la première inscription d'une spécialité à base de néfopam administrée par voie orale pour le remboursement. Son arrivée sur le marché vise à encadrer l'utilisation d'une substance dont la forme injectable était largement détournée par voie orale, et à mieux contrôler les risques associés au mésusage et à la pharmacodépendance.

Bien que le néfopam soit un analgésique central non morphinique, avec un mécanisme d'action distinct et des avantages comme l'absence de dépression respiratoire ou de ralentissement du transit intestinal, son profil d'efficacité spécifique pour la forme orale n'est pas encore pleinement établi par rapport à des placebos. Cependant, il a montré un effet d'épargne morphinique dans les douleurs post-opératoires, ce qui en fait un ajout précieux aux stratégies d'analgésie multimodale.

Il est crucial pour les prescripteurs et les patients de rester vigilants face aux effets indésirables potentiels (somnolence, nausées, tachycardie, effets anticholinergiques) et aux risques d'abus et de pharmacodépendance, en particulier si le médicament est utilisé pour des douleurs chroniques, une indication pour laquelle il n'est pas autorisé. Le respect strict des indications, de la posologie et des précautions d'emploi, ainsi qu'une réévaluation régulière du rapport bénéfice/risque, sont essentiels pour une utilisation sûre et efficace du néfopam.

L'introduction de NEFOPAM PANPHARMA sous forme de comprimé est une réponse aux observations de mésusage et un pas vers une meilleure gestion de cette substance active. Sa place modérée dans le service médical rendu et l'absence d'amélioration par rapport à la forme injectable soulignent qu'il s'agit avant tout d'une formalisation d'un mode d'administration déjà répandu, avec l'objectif d'améliorer la sécurité d'utilisation et de mieux encadrer la prescription de cet analgésique important. La surveillance continue de son utilisation et de ses effets sera primordiale pour confirmer son rôle bénéfique dans la prise en charge des douleurs aiguës.

Sources :

https://www.vidal.fr/medicaments/substances/nefopam-11988.html#:~:text=Le%20n%C3%A9fopam%2C%20analg%C3%A9sique%20central%20non,de%20la%20s%C3%A9rotonine%20est%20%C3%A9voqu%C3%A9e.

https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9fopam

https://www.has-sante.fr/upload/docs/evamed/CT-20273_NEFOPAM_PANPHARMA_PIC_INS_AvisDef_CT20273.pdf

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Frédéric MARTIN
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