Publié le
2/6/2025

Manque de médecins en France : généralistes et spécialistes

Face au manque de médecin en France, comment les généralistes et spécialistes sont-ils affectés ? Trouvez les réponses et les statistiques clés dans notre article complet.

La France fait face à un défi majeur en matière de santé : le manque de médecins. Cette problématique impacte directement la qualité des soins et le système de santé publique.

Au 1er janvier 2025, la France comptait 241 255 médecins en activité, soit une augmentation modérée de 1,7 % par rapport à 2024. Cependant, cette progression masque une réalité préoccupante : la pénurie de médecins généralistes, essentiels pour les soins de première ligne.

Cette pénurie, aggravée par une répartition inégale des professionnels sur le territoire, engendre des "déserts médicaux". Aujourd'hui, 87 % du territoire métropolitain et outre-mer souffre d'un accès limité aux soins, notamment dans les zones rurales.

Dans cet article, nous analyserons les causes, les conséquences et les solutions envisageables pour garantir une couverture médicale équitable et répondre aux défis futurs.

État des lieux du manque de médecins en France

La diminution progressive du nombre de généralistes

La France fait face à une diminution préoccupante du nombre de médecins généralistes. Entre 2007 et 2025, le pays a perdu un médecin généraliste sur quatre, soit une baisse de plus de 8% sur cette période.

Cette tendance s’explique en grande partie par le non-remplacement des départs à la retraite, ce qui aggrave la pénurie dans ce secteur essentiel des soins de première ligne. À l’exception de quelques rares départements comme la Savoie et la Loire-Atlantique, tous les territoires français ont enregistré une baisse de leur densité médicale. Certaines régions, comme Paris et la Nièvre, ont perdu jusqu’à un quart de leurs généralistes entre 2007 et 2016.

Ce déclin démographique touche aussi bien les zones rurales que les zones urbaines, rendant l’accès aux soins de plus en plus difficile pour les habitants. Par exemple, la région de Bourgogne-Franche-Comté ne compte que 9,1 médecins généralistes pour 10 000 habitants, un chiffre bien inférieur à la moyenne nationale de 11,3. En outre, près de 43% des généralistes ont plus de 60 ans, ce qui laisse présager des défis encore plus importants dans les années à venir.

La situation alarmante chez les spécialistes

La pénurie de médecins généralistes est déjà préoccupante, mais la situation chez les spécialistes n’est guère plus rassurante. Si certaines spécialités, comme la dermatologie et l’ophtalmologie, sont surreprésentées dans les grandes agglomérations telles que la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les zones périurbaines et rurales souffrent d’un grave déficit en spécialistes.

Dans des régions comme les Alpes-de-Haute-Provence et le Haut-Var, moins de 20% des spécialistes ont moins de 40 ans, ce qui accentue les inégalités d’accès aux soins spécialisés. Cette concentration des spécialistes dans les grandes villes, au détriment des zones rurales et périurbaines, met en lumière la nécessité d’une régulation territorialisée de l’offre médicale. Un tel ajustement est indispensable pour garantir un accès équitable aux soins à l’ensemble de la population.

Les causes multifactorielles du manque de médecins

Le vieillissement de la population médicale

Le vieillissement de la population médicale est l’une des causes majeures du manque de médecins en France. Près de 43% des médecins généralistes ont aujourd’hui plus de 60 ans, et cette tendance ne fait que s’accentuer avec le temps.

Ce phénomène entraîne un taux de départ à la retraite élevé, qui n’est pas toujours compensé par l’arrivée de nouveaux médecins. Cette situation est particulièrement critique dans les zones rurales, où les médecins sont souvent plus âgés que dans les zones urbaines, exacerbant ainsi les déserts médicaux.

Les effets pervers du numerus clausus

Le numerus clausus, qui limite le nombre d’étudiants admis en première année des études de médecine, a des effets pervers sur la démographie médicale. Bien que ce système vise à réguler le nombre de futurs médecins, il ne prend pas en compte les besoins réels du territoire et les disparités géographiques. Cette limitation peut entraîner une pénurie de médecins dans certaines régions, alors que d’autres zones pourraient avoir un surplus de professionnels de santé.

De plus, le numerus clausus ne favorise pas nécessairement l’installation de jeunes médecins dans les zones les plus nécessiteuses.

Des conditions de travail et de rémunération peu attractives

Les conditions de travail et de rémunération des médecins en France sont souvent peu attractives, particulièrement pour les généralistes. Les longues heures de travail, la charge administrative élevée, et les rémunérations qui ne sont pas toujours à la hauteur des attentes contribuent à décourager les jeunes médecins de choisir cette voie.

En outre, la pression exercée par les patients et le système de santé, ainsi que le manque de soutien administratif et logistique, accentuent le burnout et la démotivation parmi les professionnels de santé.

Les difficultés liées à l'organisation du système de santé

L’organisation du système de santé français présente également des défis significatifs qui contribuent au manque de médecins. La complexité administrative, les contraintes réglementaires, et les difficultés financières rencontrées par les médecins libéraux et hospitaliers sont autant de facteurs qui rendent l’exercice de la médecine moins attractif.

De plus, les débats autour de la régulation de l’installation des médecins sur le territoire, bien que visant à améliorer l’accès aux soins, peuvent être perçus comme coercitifs et décourager certains médecins de s’installer dans les zones où ils sont le plus nécessaires.

Impact sur la santé publique et l'accès aux soins

L’augmentation des déserts médicaux

L’augmentation des déserts médicaux a des implications graves sur l’accès aux soins pour une large partie de la population française. En 2024, 87% du territoire métropolitain et outre-mer était classé en désert médical, affectant ainsi six millions de Français qui n’avaient pas de médecin traitant.

Ces zones, souvent rurales ou périurbaines, souffrent d’une pénurie chronique de médecins, ce qui entraîne des difficultés significatives pour les patients. Ils doivent souvent se déplacer sur de longues distances pour obtenir des soins de base, ce qui aggrave leur situation.

Le rallongement des délais pour obtenir des rendez-vous

La pénurie de médecins généralistes et spécialistes se traduit également par un rallongement des délais pour obtenir des rendez-vous. Les patients doivent souvent attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour consulter un médecin, ce qui peut retarder le diagnostic et le traitement de maladies potentiellement graves.

Cette situation est particulièrement préoccupante pour les patients souffrant de conditions chroniques qui nécessitent un suivi régulier et une prise en charge rapide.

Les conséquences sur les urgences hospitalières

Les déserts médicaux et la pénurie de médecins ont également des conséquences directes sur les services d’urgence des hôpitaux. Avec moins de médecins de première ligne, les patients sont plus susceptibles de se tourner vers les urgences pour des soins qui auraient pu être dispensés dans un cabinet de médecin.

Cela surcharge les services d’urgence, déjà souvent en situation de saturation, et peut entraîner des retards dans la prise en charge des cas d’urgence réelle. Cette surcharge peut compromettre la qualité des soins et mettre en danger la vie des patients qui nécessitent une intervention immédiate.

Les solutions envisagées et leurs limites

La suppression du numerus clausus et la réforme des études de santé

Une des solutions majeures envisagées pour pallier le manque de médecins en France est la suppression du numerus clausus. Décidée en 2019, cette réforme vise à transformer en profondeur le système de santé en augmentant le nombre d’étudiants admis en deuxième année des études de santé. Ainsi, le nombre de places en médecine devrait passer de 11 500 en 2024 à 16 000 en 2027, représentant une augmentation significative des effectifs d’étudiants en médecine.

Cependant, cette suppression n’a pas encore produit les résultats escomptés en matière de réduction des inégalités territoriales. La Cour des comptes a souligné que la planification des formations devrait être améliorée en fonction des besoins des territoires et des capacités de formation. Elle a également préconisé le rétablissement d’une voie d’accès unique aux études de médecine pour simplifier un dispositif actuel jugé complexe.

L’incitation à l’installation en zones sous-dotées

Pour encourager les jeunes médecins à s’installer dans les zones sous-dotées, plusieurs mesures ont été mises en place. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé des propositions de loi visant à offrir des incitations financières et des avantages spécifiques aux médecins qui choisissent de s’installer dans ces régions.

Ces mesures incluent des aides à l’installation, des exonérations fiscales, et des formations continues adaptées aux besoins spécifiques de ces zones.

Bien que prometteuses, ces initiatives rencontrent encore des limites pratiques. La qualité de vie, les opportunités de carrière, et les conditions de travail dans ces zones restent souvent moins attractives que dans les grandes agglomérations, ce qui continue de décourager de nombreux jeunes médecins.

Le recours à la télémédecine et aux nouvelles technologies

La télémédecine et les nouvelles technologies représentent une autre solution envisagée pour améliorer l’accès aux soins, notamment dans les zones sous-dotées. La télémédecine permet aux patients de consulter des médecins à distance, réduisant ainsi les barrières géographiques et les délais de rendez-vous.

Les plateformes de télémédecine et les outils de diagnostic à distance sont de plus en plus utilisés pour pallier la pénurie de médecins.

Cependant, cette solution dépend fortement de l’infrastructure numérique disponible et de la connectivité dans les zones rurales, qui peuvent être déficientes. De plus, la télémédecine ne peut pas remplacer entièrement les soins de proximité et les consultations en personne, qui restent essentiels pour de nombreux patients.

Le développement de la coopération interprofessionnelle

La coopération interprofessionnelle entre les médecins, les infirmiers, les kinésithérapeutes et autres professionnels de santé est une solution clé pour améliorer l’efficacité et la qualité des soins. Les équipes de soins pluridisciplinaires permettent de partager les responsabilités et d’optimiser les ressources disponibles, répondant ainsi mieux aux besoins des patients.

Cependant, cette approche exige une coordination et une communication efficaces entre les différents professionnels de santé, ce qui peut être complexe à mettre en œuvre et à maintenir. En outre, les barrières réglementaires et les différences dans les pratiques professionnelles peuvent freiner l’adoption de ces modèles de soins collaboratifs.

Conclusion

La pénurie de médecins en France, en particulier parmi les généralistes et les spécialistes, représente une crise majeure pour le système de santé. Les déserts médicaux, exacerbés par le vieillissement de la population médicale et des conditions de travail peu attractives, ont un impact sérieux sur l’accès aux soins pour des millions de Français.

Les solutions envisagées, comme la suppression du numerus clausus, les incitations à l’installation dans les zones sous-dotées, et le recours à la télémédecine, doivent être mises en œuvre de manière urgente et coordonnée. Il est essentiel que les politiques publiques soient adaptées pour encourager les jeunes médecins à s’installer dans les zones rurales, tout en améliorant leurs conditions de travail et de rémunération. Une action collective et immédiate des décideurs politiques, des professionnels de santé, et de la société civile est indispensable pour résoudre cette problématique et garantir un accès équitable et de qualité aux soins pour tous.

FAQ

Quels sont les principaux facteurs contribuant à la pénurie de médecins en France, notamment en termes de démographie et de répartition géographique?

La pénurie de médecins en France résulte de plusieurs facteurs clés. Tout d'abord, le vieillissement de la population entraîne une augmentation des besoins en soins, tandis qu'un faible renouvellement des générations, lié à un nombre de décès supérieur aux naissances, aggrave la situation. En outre, la répartition géographique inégale des médecins accentue le problème : les zones rurales sont souvent moins attractives en raison de conditions de travail difficiles, de rémunérations moins compétitives et de perspectives de carrière limitées. Par ailleurs, les jeunes médecins ont tendance à travailler moins d'heures que leurs prédécesseurs et privilégient les centres urbains.

Comment les pouvoirs publics ont-ils réagi jusqu'à présent pour adresser le problème des déserts médicaux, et quels sont les plans et initiatives mises en place?

Face aux déserts médicaux, les pouvoirs publics ont mis en place diverses initiatives. Les Agences régionales de santé (ARS) jouent un rôle clé en identifiant et en ciblant les zones sous-denses afin d'améliorer l'offre de soins. Des incitations financières et des avantages spécifiques sont proposés aux médecins acceptant de s'installer dans ces zones.

De plus, la télémédecine est encouragée pour élargir l'accès aux soins à distance, particulièrement dans les régions isolées. Les programmes de formation et de recrutement de professionnels de santé sont également renforcés pour pallier les pénuries de main-d'œuvre.

Quelles sont les conséquences prévues de la diminution du nombre de médecins sur la santé publique et les besoins en soins de la population française, especialmente en considérant le vieillissement de la population?

La diminution du nombre de médecins en France engendre des défis considérables pour la santé publique. Bien qu'une augmentation temporaire soit prévue, le vieillissement de la population continue de faire croître la demande en soins. Cette situation exacerbe les déserts médicaux, où six millions de Français sont privés de médecin traitant et huit millions vivent dans des zones sous-dotées.

Par ailleurs, les médecins généralistes sont déjà fortement impactés par le burn-out, avec près de 45% des généralistes concernés. Une sollicitation accrue pourrait aggraver cet épuisement professionnel, affectant ainsi la qualité des soins prodigués.

Quelles mesures à long terme, telles que le relèvement du numerus clausus, sont attendues pour améliorer la densité médicale en France, et quand peuvent-elles produire des effets significatifs?

Pour répondre au manque de médecins, le numerus clausus est progressivement remplacé par un numerus apertus, permettant une augmentation substantielle du nombre d'étudiants en médecine. Entre 2025 et 2027, le nombre de places passera de 11,500 à 16,000, avec déjà 12,000 places prévues pour la rentrée 2025.

Cette réforme est conçue pour renforcer la densité médicale en France et devrait produire des effets significatifs à partir de 2026-2027, lorsque les nouveaux diplômés commenceront à exercer.

photo de l'auteur de l'article du blog de la safeteam academy
Frédéric MARTIN
Fondateur de la SafeTeam Academy
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