Le circuit du médicament… Voilà un titre qui témoigne déjà d’une réflexion pour fiabiliser l’administration du médicament. Un processus somme toute devenu assez complexe de par la diversité des pathologies, les interactions, les prescriptions informatisées, les degrés d’urgence, la diversité des thérapeutiques ou encore l’intervention de différents professionnels de santé dans le processus de soins.
Les risques d’accidents toutes causes confondues (encore appelé événements indésirables graves ou EIG) n’ont jamais été aussi prégnants, en témoignent les statistiques institutionnelles sur cette question.
Parmi ces accidents, ceux liés aux erreurs médicamenteuses occupent une grande partie. L’enquête nationale ENEIS sur les événements indésirables graves liés aux soins réalisée en 2009 fait apparaître que :
- les EIG liés aux médicaments représentent 32,9% du total des EIG liés aux soins,
- parmi les EIG liés aux médicaments, 51,2% sont considérées comme évitables et 54,5% ont motivé une hospitalisation.*
Pour garantir la sécurité des soins, l’amélioration de la prise en charge médicamenteuse du patient fait l’objet d’une préoccupation internationale, européenne et nationale : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en a fait son 2ème grand enjeu et la Haute Autorité de Santé a publié un guide à ce sujet et a également intégré la prise en charge médicamenteuse dans la certification des établissements depuis son origine, renforçant régulièrement les exigences dans ce domaine.
Sécuriser l’administration du médicament aux patients
Selon la Société Française de Pharmacie Clinique, l’erreur médicamenteuse est définie comme un “écart par rapport à ce qui aurait dû être fait au cours de la prise en charge thérapeutique médicamenteuse du patient. L’erreur médicamenteuse est l’omission ou la réalisation non intentionnelle d’un acte relatif à un médicament, qui peut être à l’origine d’un risque ou d’un événement indésirable pour le patient.”*
Concrètement, l’erreur médicamenteuse résulte d’un dysfonctionnement non intentionnel dans l’organisation de la prise en charge thérapeutique médicamenteuse du patient.
Elle peut concerner une ou plusieurs étapes du circuit du médicament, telles que la prescription, la dispensation, la préparation galénique, la forme et le design du médicament, la délivrance, l’administration, le suivi thérapeutique mais aussi ses interfaces telles que les transmissions.
Parmi ces différents niveaux de réalisation, l’erreur d’administration est majoritairement responsable des erreurs médicamenteuses. En 2009, selon l’enquête ENEIS, elle représentait plus de 60 % de ces erreurs.
Pour sécuriser les erreurs d’administration, la règle des 5B est un des outils pédagogiques de prévention à mettre en place. Cette règle doit guider chaque action réalisée lors de l’administration des médicaments.
La mission, si vous l’acceptez, est d’administrer le bon médicament, à la bonne dose, au bon moment, sur la bonne voie, au bon patient. Pour réussir cette mission, nous vous proposons quelques idées :
- le bon patient : s’assurer que le bon médicament va être administré au bon patient.
Pour cela, il est primordial de vérifier l’identité du patient lors de chaque administration. Si l’état du patient le permet, il faut lui demander de se présenter (noms, prénoms, date de naissance). Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver l’article de la SafeTeam Academy sur l’identitovigilance.
- le bon médicament : s’assurer de donner au bon patient, le médicament prescrit.
Il s’agit de prendre le temps de lire de façon attentive l’étiquette du médicament et de réaliser 3 vérifications successives : lors de la collecte du médicament dans le stock, au moment de la préparation, avant d’administrer le médicament au patient. Toutefois, comme vous le découvrirez en lisant le Patient Safety Report n°18 (http://www.patientsafetydatabase.com/pdf/fr/2021-01-PSR18-fr.pdf), la lecture ne suffit pas. Réalisez des contrôles croisés et travaillez en équipe !
- la bonne dose : s’assurer d’administrer la bonne concentration, dilution ou dose du médicament prescrit.
Cette étape consiste à vérifier les calculs de dose réalisés et si besoin les faire vérifier par un autre professionnel. Connaître les doses “habituelles” des médicaments permettra également de questionner le prescripteur ou le pharmacien lorsque la dose prescrite diffère de la posologie habituelle.
Faire une double vérification, en cas de doute sur les calculs, et systématiquement pour l’administration de médicaments considérés à risques.
- la bonne voie : s’assurer d’utiliser la voie prescrite.
Lors de cette étape, il est nécessaire de s’assurer que la voie est appropriée et sécurisée. Pour certaines voies à risque comme la voie intrathécale, il est recommandé de demander confirmation.
- le bon moment : s’assurer que l’administration est réalisée au bon moment.
Certains médicaments sont administrés à certaines heures et fréquences spécifiques. Il est conseillé de concilier le bon moment du patient avec les contraintes liées à son traitement.
Et cerise sur le gâteau, afin de sécuriser ce processus et de permettre la bonne mise en œuvre de cette règle, il est primordial de limiter les interruptions de tâches.
SafeTeam et les erreurs médicamenteuses
La SafeTeam Academy a fait de l’erreur médicamenteuse un thème récurrent dans ses parcours de formations.
La plupart des parcours vidéo-immersifs mettent en scène des situations de soins simulées interrogeant les professionnels de santé sur leurs pratiques en termes d’administration des médicaments, d’interruptions de tâches ou encore de transmissions et les amènent à constamment vérifier un certain nombre d’éléments fondamentaux pour la sécurité des patients.
Un parcours en particulier porte sur ces thématiques et de nombreux pharmaciens, coordonnateurs à la gestion des risques et directrices/eurs des soins l’ont adoré.
Si vous aussi vous souhaitez participer à la fiabilisation des soins au sein de vos structures, les formations SafeTeam Academy sont faites pour vous ! Pour en savoir plus, écrivez à l’adresse suivante : contact@safeteam.academy.