Publié le
7/10/2025

Critères HAS pédiatrie

Les critères de la HAS pour la pédiatrie dessinent une feuille de route exigeante mais indispensable pour garantir des soins de haute qualité, sécurisés et humains. Ils rappellent que soigner un enfant, c'est bien plus que traiter une maladie.

Critères HAS pédiatrie : Le guide complet pour la qualité des soins des enfants et adolescents

La prise en charge des enfants et adolescents en établissement de santé est une mission complexe qui exige une attention particulière et des protocoles rigoureux. Définis comme toute personne de moins de dix-huit ans, les enfants constituent une population vulnérable avec des besoins spécifiques liés à leur âge, leur pathologie et leur développement. La Haute Autorité de Santé (HAS) a établi un référentiel précis pour garantir la qualité et la sécurité des soins pédiatriques, de l'admission à la sortie. Cet article détaille les critères essentiels de la HAS pour l'évaluation de la prise en charge des enfants et adolescents, un enjeu fondamental pour leur "capital santé" futur.

1. Admission et Identification : La première étape d'un parcours sécurisé

L'admission d'un mineur en établissement de santé est un moment clé qui conditionne la sécurité et la qualité de tout le séjour. La HAS insiste sur deux piliers fondamentaux : le respect du cadre légal de l'autorité parentale et une identitovigilance sans faille.

Le rôle de l'autorité parentale et le consentement

En règle générale, toute demande d'hospitalisation pour un mineur doit émaner des titulaires de l'autorité parentale. Les équipes soignantes ont pour devoir de recueillir le consentement libre et éclairé de ces derniers avant d'initier tout projet de soins. Ce processus doit être clairement documenté. Des exceptions existent, notamment en cas d'urgence vitale où les soins nécessaires peuvent être prodigués même si les parents ne sont pas immédiatement joignables. Un autre cas particulier concerne l'interruption volontaire de grossesse (IVG), pour laquelle une mineure a le droit de garder le secret et de prendre sa décision seule, à condition d'être accompagnée par une personne majeure de son choix.

L'Identité Nationale de Santé (INS) : une garantie de sécurité

La sécurité du patient commence par une identification correcte et univoque. Chaque mineur possède sa propre Identité Nationale de Santé (INS), distincte de celle de ses parents. Cette INS est attribuée environ 8 jours après la naissance. Pour la qualifier (c'est-à-dire la certifier), les équipes peuvent utiliser le livret de famille ou un extrait de naissance via un dispositif sécurisé pour le parent. Dès que l'enfant dispose de sa propre pièce d'identité (carte nationale d'identité ou passeport), la qualification de son INS peut se faire directement, sans document parental.

Les équipes doivent respecter les bonnes pratiques d'identitovigilance à chaque étape de la prise en charge pour éviter toute erreur. Pour les nouveau-nés en maternité qui n'ont pas encore leur INS définitive, des mesures transitoires sont mises en place pour prévenir les confusions. La vérification et l'utilisation correcte de l'INS sont des points d'évaluation cruciaux lors des certifications HAS.

2. Un environnement adapté : Protéger et rassurer le patient mineur

La HAS souligne l'importance capitale de créer un environnement physique et humain adapté aux spécificités des enfants et adolescents. L'objectif est double : assurer leur sécurité et préserver leur bien-être psychologique.

Matériel et personnel formés

Dans tous les services susceptibles d'accueillir des mineurs, qu'ils soient pédiatriques ou non, il est impératif que le personnel soit formé aux spécificités psychologiques et émotionnelles de cette patientèle. De plus, tout le matériel doit être adapté à leur âge et leur morphologie. Cela inclut :

  • Les lits, les repas, et les dispositifs d'appel malade.
  • Les outils d'évaluation, comme les échelles de tri aux urgences ou les échelles pédiatriques de la douleur.
  • Le matériel d'urgence vitale, qui doit être spécifiquement pédiatrique.

La séparation des mineurs et des adultes

Un principe fondamental est de protéger les mineurs de contacts potentiellement traumatisants avec des patients adultes, notamment dans les services généraux comme les urgences ou les plateaux techniques. Pour cela, la HAS recommande :

  • Aux urgences : Une salle d'attente dédiée et isolée, avec des jeux, livres et jouets, ainsi qu'un délai d'attente prévisible et spécifique pour les enfants.
  • Sur les plateaux techniques (bloc opératoire, imagerie) : Une programmation qui favorise le passage des enfants à des moments distincts de celui des adultes, des vestiaires séparés, et des zones dédiées en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI) pour permettre l'accueil des parents.
  • Dans les services d'hospitalisation : Il est préférable de regrouper les mineurs par tranche d'âge pour favoriser des activités adaptées et les protéger. Les grands adolescents doivent pouvoir donner leur avis sur le service où ils préfèrent séjourner (pédiatrique ou adulte).

Toute exception à cette règle, comme une hospitalisation en service adulte due à une suractivité, doit être anticipée et strictement encadrée, en garantissant une chambre seule et une information claire à la famille.

3. L'élaboration d'un projet de soins personnalisé et complet

Le projet de soins d'un mineur doit être holistique, prenant en compte non seulement sa pathologie mais aussi son contexte de vie, son développement et ses besoins spécifiques.

Le recueil des informations cliniques et psychosociales

Pour construire un projet de soins pertinent, les équipes doivent recueillir un maximum d'informations dès l'arrivée de l'enfant. Il est essentiel de :

  • Demander et consulter le carnet de santé et "Mon espace santé" pour y trouver les antécédents, allergies, courbes de croissance et le statut vaccinal.
  • Évaluer les interactions familiales, sociales et scolaires de l'enfant pour comprendre son environnement global.

La détection et le signalement des maltraitances

La protection de l'enfance est une priorité absolue. Les professionnels de santé doivent être formés pour repérer les signes de maltraitance externe et connaître la procédure de signalement aux autorités compétentes. Toute suspicion doit être signalée et faire l'objet d'une enquête. La HAS valorise l'existence d'Unités d'Accueil Pédiatrique pour Enfants en Danger (UAPED), qui offrent une prise en charge globale (judiciaire, médicale, médico-légale) dans un lieu unique et adapté.

Le recours aux experts et la continuité du parcours

Le projet de soins doit être élaboré avec le soutien de spécialistes pédiatriques (pédiatres, pédopsychiatres) et d'experts dans des domaines comme la douleur, les soins palliatifs, l'addictologie ou l'antibiothérapie. Pour les enfants atteints de maladies rares, l'établissement doit garantir la continuité des soins en les orientant vers des centres de référence ou de compétence spécialisés, afin d'éviter l'errance diagnostique.

4. Implication du mineur et de sa famille : Les acteurs clés du projet de soins

La HAS place l'engagement du patient et de sa famille au cœur de sa démarche qualité. Une prise en charge réussie repose sur une collaboration étroite et une communication transparente entre les soignants, l'enfant et ses parents.

Informer et recueillir l'avis du mineur

Il est fondamental d'informer le mineur sur son état de santé et son projet de soins d'une manière adaptée à son âge et à son niveau de compréhension. Des outils ludiques ou des livrets d'accueil spécifiques peuvent être utilisés. L'avis de l'enfant, s'il est apte à l'exprimer, doit être recherché et tracé dans son dossier.

La place centrale des parents

Les parents ne sont pas de simples visiteurs, mais des partenaires de soins. Leur présence continue auprès de l'enfant, 24h/24, doit être favorisée et facilitée par l'établissement. Cela implique de mettre à leur disposition des locaux et du matériel adaptés (lit d'appoint, sanitaires, accès à des repas). Leur connaissance de l'enfant est précieuse, et ils doivent être impliqués dans certains soins, comme l'évaluation de la douleur ou l'administration de traitements, s'ils le souhaitent. Leur présence est également organisée sur les plateaux techniques, notamment pour accompagner l'enfant jusqu'à l'endormissement et être présent à son réveil.

Préserver les liens sociaux et l'éducation à la santé

Une hospitalisation, surtout si elle est longue ou répétée, ne doit pas couper l'enfant de sa vie. L'établissement doit mettre en place des ressources pour prévenir les ruptures familiales, sociales et scolaires, par exemple en se coordonnant avec l'établissement scolaire de l'enfant. De plus, le séjour est une opportunité pour délivrer des messages de prévention et d'éducation à la santé adaptés à chaque âge (usage des écrans, hygiène, vaccination, et pour les adolescents : addictions, MST, nutrition, sport).

5. La gestion de la douleur : Une priorité absolue et systématique

La douleur chez l'enfant a longtemps été sous-estimée. La HAS en fait un critère central de la qualité des soins, insistant sur son anticipation et son soulagement rapide et efficace.

Évaluation systématique et outils adaptés

La douleur doit être évaluée de manière systématique à l'aide d'échelles pédiatriques validées, adaptées à l'âge et à la capacité de communication de l'enfant. Les équipes doivent être formées à leur utilisation et savoir choisir la plus pertinente (par exemple, échelles de visages pour les plus jeunes, échelles numériques pour les plus grands). L'évaluation doit être tracée dans le dossier du patient.

Implication des parents et traitements

Les parents jouent un rôle crucial dans l'évaluation de la douleur de leur enfant, car ils sont souvent les premiers à en détecter les signes. Leur participation à cette évaluation est encouragée. Le traitement de la douleur, qu'il soit médicamenteux ou non (présence rassurante, distraction, etc.), doit être mis en œuvre rapidement et son efficacité doit être réévaluée régulièrement. Le patient mineur a le droit de bénéficier de soins visant à anticiper ou à soulager rapidement sa douleur.

6. Préparation de la sortie et continuité des soins : Assurer un retour serein

La sortie de l'hôpital est une étape aussi importante que l'admission. Elle doit être soigneusement préparée pour garantir la continuité et la sécurité du parcours de soins de l'enfant.

Information et documents de liaison

Avant le départ, l'équipe soignante doit s'assurer que les parents (ou titulaires de l'autorité parentale) et l'enfant ont bien compris les consignes pour la suite de la prise en charge. Cela inclut les dates de rendez-vous de suivi, les traitements à poursuivre, et les contacts à joindre en cas de problème.

Pour assurer une transition fluide avec les professionnels de santé en ville (médecin traitant, pédiatre), plusieurs documents sont essentiels :

  • La lettre de liaison à la sortie : Elle doit être complète et remise au patient pour assurer la continuité du parcours.
  • La mise à jour du carnet de santé : Il doit être complété avec les informations utiles au suivi de l'enfant.
  • La mise à jour de "Mon espace santé" (DMP) : Les informations pertinentes doivent y être versées.

L'accompagnement dans les situations difficiles

La sortie n'est malheureusement pas toujours un retour à la maison. En cas de décès d'un enfant ou d'un adolescent, les équipes doivent avoir des protocoles pour une prise en charge adaptée et respectueuse. Cela concerne l'annonce du décès, l'accompagnement de l'entourage (parents, fratrie) et les modalités de recueillement, qui peuvent inclure des dispositions particulières pour le transfert du corps. La formation du personnel à ces situations tragiques est un point d'attention de la HAS.

En conclusion, les critères de la HAS pour la pédiatrie dessinent une feuille de route exigeante mais indispensable pour garantir des soins de haute qualité, sécurisés et humains. Ils rappellent que soigner un enfant, c'est bien plus que traiter une maladie : c'est accompagner un être en plein développement, protéger sa vulnérabilité et collaborer étroitement avec sa famille pour construire son avenir en bonne santé.

photo de l'auteur de l'article du blog de la safeteam academy
Frédéric MARTIN
Fondateur de la SafeTeam Academy
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